22 mai 2023

Plan Local d’Urbanisme 2023-2028 – Prise de parole de Hervé Gérard au conseil Municipal du 22 mai

Par HERVE GERARD

Je souhaite intervenir car il me semble qu’il s’agit d’une des délibérations les plus importantes du mandat.

Il y a vingt-neuf ans je quittais Paris pour m’installer avec ma famille en Bretagne.

Nous venions d’avoir notre premier enfant et nous n’envisagions pas de continuer notre vie dans un environnement très urbanisé : trop de pollution, trop de bruits, trop d’incivilités, trop de transport.

Quelques années plus tard, nous avons choisi de nous installer sur la commune du Rheu pour sa qualité de vie et en particulier la possibilité d’avoir une maison avec jardin.

Je note que la très grande majorité des membres de ce conseil a fait ce choix. Un grand nombre d’entre nous habite dans une maison avec jardin.

La maison avec jardin n’est pas un idéal en soi bien entendu mais c’est un marqueur d’un niveau d’urbanisation.

Aujourd’hui, les nouvelles générations d’actifs ne pourront plus adopter ce modèle aussi facilement.

Il y a des raisons environnementales à laquelle j’adhère complètement mais pas seulement.

Le maitre mot est « densifier ». Ce mot s’impose en effet lorsque qu’il faut accueillir de nouveaux d’habitants sans occuper plus d’espace.

C’est la conséquence du PLH que nous avons à voter.  Mais le PLH est la conséquence lui-même de l’attractivité de la ville.

Les villes sont naturellement attractives car les habitants habitent là où il y a de l’emploi et les entreprises s’installent là où il y a des travailleurs.

Mais cette attractivité naturelle est aujourd’hui renforcée par un choix politique délibéré de Rennes Métropole.

Rennes Métropole incite les entreprises à venir sur son territoire alors que la ville est déjà naturellement attractive.

Cela se fait, en grande partie, au détriment des autres agglomérations plus petites. Il y a une concurrence entre les agglomérations sans forcément création de richesse.

Il s’agit d’une politique libérale au niveau des territoires : les plus grosses agglomérations écrasent les plus petites.

Je vais donner un exemple parmi d’autres de cette politique.

Décision n°2 du BUREAU du 9 mars 2023, COMMISSION DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE, EMPLOI ET INNOVATION

Attribution d’une aide, sous la forme d’une subvention d’équipement de 34 938 euros, à la SAS « RUBYCAT-LABS » pour la création de 12 emplois CDI équivalent temps plein et d’un programme d’investissement [de 98 347 euros HT], sur 3 ans, à Cesson-Sévigné.

Vous avez bien noté : Rennes Métropole donne de l’argent public pour faire venir des entreprises dans des zones déjà bien pourvues en emploi. Il s’agit d’un exemple parmi beaucoup d’autres.

Il suffit de constater le nombre d’immeubles de bureaux qui se construisent à l’intérieur de la rocade.

Au lieu de ralentir l’augmentation de la population, Rennes Métropole la favorise en faisant venir toujours plus d’entreprises.

Pourquoi cette politique ?

Par idéologie principalement : La croissance est valorisante pour les élus et est perçue comme vecteur de progrès pour une part de la population.

Il y a aussi les gros investissements réalisés par la métropole comme le métro, pour lesquels la croissance fait partie du business plan.

Une bonne politique serait, selon moi, de subventionner les entreprises pour qu’elles s’installent en-dehors du centre de la métropole et sur des territoires en perte de vitesse.

Cela permettrait d’alléger la pression immobilière et les conséquences inéluctables sur les prix et la densification.

Cela permettrait un meilleur équilibre géographique des emplois, des habitants, des services pour conserver une qualité de vie pour le plus grand nombre de nos concitoyens et pas seulement pour quelques privilégiés. Cela permettrait aussi de réduire des effets indésirables comme par exemple, l’augmentation des résidences secondaires qui va de pair avec la densification.

C’est une vision de l’avenir qui se présente à nous.

Souhaitons-nous une géographie avec quelques mégalopoles qui rassemblent tout : emplois, habitants, services mais aussi pollution, insécurité, anonymat

Ou des villes à taille humaine, plus petites, plus nombreuses mais plus vivables ?

Je vote contre ce PLH car je pense qu’il y a une autre politique à mener par la métropole qui permette de préserver une qualité de vie pour le plus grand nombre d’habitants.

L’objectif de création de 5 000 logements par an dont 200 sur la commune du Rheu n’est pas souhaitable,

Nous devrions plutôt définir un objectif de stabilisation de la population sur la métropole avec un maximum à ne pas dépasser et engager une politique globale qui vise à maintenir cet objectif.