Fin de mandat : la parole à la minorité
Faute de véritable espace d’expression dans Regards, nous, élus de la minorité au conseil municipal du Rheu, souhaitons nous adresser directement à vous, habitants de la commune. A l’approche de la fin du mandat, nous dressons le bilan d’une mandature difficile, marquée par un déficit démocratique, une gestion opaque, des ambitions personnelles, un manque d’idées et d’autonomie idéologique ainsi qu’une communication verrouillée.
Le groupe LE RHEU NOUVEAU CITOYEN
Philippe BOUGET, Jean-Marie BERTHO, Alain l’HOSTIS, Agnès LIVIER-MABILLE, Simon GUERIN, Muriel LE DEVEHAT, Hervé GERARD, Jacqueline DEPREAUX, Olivier ARS, Fabienne GUILLANTON
Petit point d’histoire : lors des élections de 2020, c’est 48,67% de la population qui a voté pour notre liste (66 voix de moins que pour la majorité), et pourtant nous n’avons que 7 sièges sur 29 au conseil municipal. Nous avons assumé le rôle que vous nous avez donné avec engagement, constance et vigilance.
Un mandat marqué par un déficit démocratique
Une démocratie locale défaillante
Au Rheu, la démocratie locale est en crise. Les commissions municipales, censées être des espaces de débats et de travail sur les projets de délibération, ne sont que des instances de lecture des dossiers présentés souvent le jour même par les membres de la majorité. Celle-ci a voté un règlement intérieur du conseil municipal qui restreint l’expression de la minorité au strict minimum : 1 seul représentant de la minorité contre 6 de la majorité au début du mandat puis deux maintenant, sans accès aux documents en amont. Cette asymétrie d’information empêche la minorité de se documenter préalablement, remettant en question l’équité et la transparence des débats municipaux.
Une gestion communale opaque et contestable
Il y a une absence réelle de concertation sur plusieurs projets majeurs de notre commune. Communication ne veut pas dire concertation véritable comme pour la transformation de l’EHPAD ou la réhabilitation des Landes d’Apigné. Nous déplorons un manque de transparence, de méthode et de vision et nous dénonçons des décisions prises sans dialogue préalable avec tous les élus. Petit point d’histoire : lors des élections de 2020, c’est 48,67% de la population qui a voté pour notre liste (66 voix de moins que pour la majorité), et pourtant nous n’avons que 7 sièges sur 29 au conseil municipal. Nous avons assumé le rôle que vous nous avez donné avec engagement, constance et vigilance.
Des ambitions personnelles
En cinq années de mandat, nous avons pu constater une défiance constante envers notre groupe. Pourtant, vu la supériorité numérique de la majorité lors des votes (22 contre 7), tout est joué d’avance.
De plus, nous avons vu certains élus utiliser leurs fonctions locales pour leur carrière politique personnelle, sans proposer un véritable projet pour la ville de Le Rheu. La longévité politique de certains Élus (4 mandats consécutifs et plus) pourrait expliquer cette défiance car ils ont peur de perdre leur place. Nous nous sommes heurtés à un climat d’entre-soi et de fermeture inexplicable autrement que par les ambitions personnelles.
Une communication sous contrôle
Une réelle divergence existe entre les discours officiels de la majorité et les actions réelles. A ce jour, la politique municipale repose sur une communication verrouillée.
Un manque d’idées et de souffle
Lors des réunions et les commissions, nous déplorons le manque d’implication de beaucoup de conseillers de la majorité. La gestion municipale repose sur quelques élus, incapables de créer une dynamique collective. Par contre, les projets retenus sont très bien mis en oeuvre par les services qui font un travail remarquable.
Les positions claires de notre groupe
Pendant cinq ans nous n’avons pas chômé. Nous nous sommes impliqués au maximum sur chaque dossier. Pour nous, être dans la minorité, ce n’est pas rester dans l’ombre, mais représenter celles et ceux qui veulent une autre voie. Voici quelques exemples des positions que nous avons prises :
“Non” au projet de la piscine… à Pacé
La piscine de Pacé a fait l’objet d’une délibération le 6 février 2023. Gérée dans le cadre du syndicat intercommunal Aquaouest, qui regroupe six communes, elle verra le jour en juillet.
À notre propre initiative, nous avons organisé le 1er décembre 2022 une réunion d’information publique sur ce qui n’était qu’un projet (la seule réunion organisée sur le sujet dans toutes les communes, à notre connaissance). Plusieurs maires des communes voisines sont venus et ont apporté leurs éclairages, ainsi que des habitants du Rheu, de Pacé et des membres de la majorité municipale.
Nous avons exprimé notre désaccord et proposé des alternatives qui n’ont été ni examinées ni discutées par la majorité : deux petites piscines locales, permettant aux enfants d’y aller à pied ou à vélo, et aux personnes âgées de pratiquer l’aquagym, plutôt qu’une seule grande piscine, éloignée, où on ne peut aller qu’en voiture ou en bus scolaire.
Nos critiques :
– Grand optimisme des recettes et absence d’étude d’impact depuis l’annonce de la nouvelle piscine de Villejean.
– Sous-estimation des charges de 50 % par rapport aux piscines du même type.
– Choix écologique contestable, chauffage au gaz ; pourquoi ne pas avoir attendu le futur réseau de chaleur prévu à Pacé ?
– Priorités et sobriété : hammam, sauna et grotte de sel ne sont pas indispensables à l’apprentissage de la natation ; c’est ça la transition écologique ?
– Une répartition des coûts contestable, ne tenant pas compte des temps d’accès : 5 à 10 mn pour un jeune en vélo de Pacé ; 1h 15 en bus pour une jeune du Rheu, puisqu’il n’y a pas de piste cyclable entre nos deux villes. L’usage de la voiture sera donc obligatoire.
“Non” au transfert des places du Champ du Moulin à l’EHPAD de Vezin-le-Coquet
La logique comptable a choisi de transférer les résidents de l’Ehpad du Champ du Moulin vers ceux de Vezin-le-Coquet, Saint Gilles ou Mordelles en en faisant des déracinés, loin de leur famille, leurs amis et lieu de vie…
Il nous paraît impensable qu’une ville de 10 000 habitants ne propose aucune solution d’accueil de proximité pour ses aînés en perte d’autonomie.
Notre équipe s’est toujours exprimée contre cette décision inhumaine, prise sans aucune concertation. Nous avons organisé deux réunions sur le sujet du vieillissement. A la place d’une nouvelle résidence senior services (qui sera construite à la place du Champ du moulin) nous proposions une réflexion sur un accueil de jour, un habitat intergénérationnel, une modification du bâti afin de faciliter le maintien à domicile le plus longtemps possible.
Plutôt que de brader notre Ehpad, la majorité aurait dû anticiper sur les difficultés futures concernant l’accueil des aînés en perte d’autonomie. La résidence senior services (avec des coûts de service très élevés et des conditions d’admission non connues) n’est pas la meilleure des propositions.
“Non” au Plan Local de l’Habitat actuel
A partir de 1977, une vision engagée de l’aménagement de la ville de Rennes avec les communes environnantes sous la forme d’un archipel, a été une bonne chose.
Cette vision a permis le succès du « melting pot » du bassin rennais.
Mais aujourd’hui, la Métropole, c’est « toujours plus, toujours plus gros », au détriment de toutes les communes plus petites de Bretagne : l’attractivité métropolitaine dont la clé est la captation des entreprises, provoque une croissance mécanique inarrêtable : si on a les entreprises, on a les emplois, donc les logements, les familles, les écoles, les consommateurs, et … les engorgements sur les routes, les pertes de temps, la productivité moindre, l’augmentation des coûts.
Le discours « il faut bien loger les gens », et maintenant la récupération du slogan « un toit c’est un droit », en « un toit pour chacun », ne souffre d’aucune contestation. Ceux qui critiquent sont qualifiés « d’égoïstes ».
Nous subissons la congestion routière alors que les budgets d’équipements, d’investissements de trambus sont considérables et ne profiteront qu’à Rennes. La densification est excessive, et les logements de plus en plus petits mais aussi plus coûteux. La vie devient de plus en plus chère.
Alors que peut-on proposer pour notre commune, au sein de la Métropole, au sein de la Bretagne, de la France, de la planète ?
Ralentir, redéployer, partager, répartir…
L’Etat centralisateur et ses métropoles décident, captent, concentrent.
Il faudrait l’inverse : décentraliser, déléguer, redéployer, répartir, partager, ralentir.
Nous pouvons :
– Ralentir le rythme des constructions de 200 à 100 logements par an sur Le Rheu.
– Militer pour que la Région ait plus de pouvoir d’aménager, de répartir le développement économique
– Développer les liens, plus de liens : favoriser l’hébergement des personnes âgées chez elles, avec d’autres, ou en maison communes, partagées, intergénérationnelles
– Moins ranger les gens dans des cases : des boites à vieux, des boites à jeunes
– Investir pour un centre-ville plus vivant et le concevoir avec les habitants.
“Oui” à la salle de spectacle multifonctions…
Le projet de salle de spectacle a été l’exception qui confirme la règle de la bonne concertation menée au cours du mandat. Une vraie réflexion a été faite avec des habitants pour co-construire un projet de salle. Nous avons soutenu ce projet même si nous n’étions pas d’accord sur son emplacement. Nous ne comprenons pas la décision de suspendre le projet alors que des sommes importantes ont déjà été dépensées en études. Notre ville a besoin de cette salle pour compléter l’accès à la culture de sa population. Cet équipement promis depuis plus de 20 ans, est un besoin légitime pour une ville de 10 000 habitants.
Un an pour préparer un nouveau mandat
Le Rheu n’est pas une île, mais ne devrait pas être vassalisée par Rennes Métropole !
Le Rheu peut se construire autrement : avec plus d’écoute, de participation citoyenne et une gestion plus claire. Nous y croyons et nous continuerons à porter cette ambition. Pour nous, proposer une démocratie locale, ce n’est pas prendre des décisions entre quelques élus et les imposer à la population, mais c’est mettre en place un système citoyen afin de permettre à plus de rheusois de participer aux décisions. N’oublions pas que la majorité actuelle a été élue avec seulement 22 % des inscrits !
Notre démarche est de vous impliquer dès maintenant pour élaborer ensemble un projet ouvert et participatif. Il s’agit de rompre avec la gestion opaque et sectaire de l’équipe actuelle en impliquant les citoyennes et citoyens de bonne volonté. Nous ne vous demanderons pas si vous êtes de droite, du centre ou de gauche, mais seulement si vous avez de bonnes idées dans le respect de la différence, dans le but d’améliorer le cadre de vie de tous nos concitoyens quel que soit leur âge et dans un environnement écologique durable et sans idéologie radicale.
À un an des élections municipales, nous vous interrogeons aujourd’hui, Rheusoises et Rheusois sur le prochain mandat.
Souhaitez-vous continuer avec l’équipe actuelle ou désirez-vous une nouvelle équipe? Ensemble, redonnons du sens à la vie démocratique locale. Pour participer, entamer le débat et nous donner votre avis, contactez-nous :
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